LA VĂRITĂ EFFRAIE MAIS RECONCILIE
S.S. Catholicos Aram I
La vérité est une valeur sacrée. Cette affirmation constitue le  dénominateur commun de multiples conceptions, définitions et formulations de la vérité.
La vérité est le fondement de la société et gouverne toutes les structures et dimensions, manifestations et relations de la vie humaine.
La vĂ©ritĂ© est une force, qui assure lâintĂ©gritĂ© et lâidentitĂ© dâune sociĂ©tĂ© et qui offre une vision et une orientation Ă nos pensĂ©es et Ă nos actions, individuelles ou collectives.
La vérité est source de dignité, de moralité et de crédibilité.
Rejeter la vĂ©ritĂ© signifie donc, rejeter les valeurs et les principes qui constituent lâessence mĂȘme dâune humanitĂ© authentique, conditio sinĂ© qua non dâune sociĂ©tĂ© saine et crĂ©dible.
On peut ignorer la vĂ©ritĂ©, mais on ne peut pas la cacher. On peut Ă©viter la vĂ©ritĂ©, mais on ne peut pas lâĂ©liminer. On peut Ă©clipser la vĂ©ritĂ©, mais on ne peut pas lâĂ©teindre.
On peut marginaliser la vérité, mais on ne peut pas la déraciner.
Aucune force, en ce monde, ne peut vaincre la vĂ©ritĂ©. Lâhistoire tĂ©moigne avec Ă©loquence, de cette rĂ©alitĂ© incontestable. Il faut donc accepter et respecter la vĂ©ritĂ©.
En mĂȘme temps, la vĂ©ritĂ© Ă©loigne et rapproche; divise et unit; effraie et renforce la confiance.
La vĂ©ritĂ© nâest pas une rĂ©alitĂ© ambigĂŒe, ce dilemme relĂšve de la façon dont nous la traitons.
La vĂ©ritĂ© nâa besoin ni dâinterprĂ©tation, ni de nĂ©gociation. Ces derniĂšres lâaltĂšrent et la dĂ©forment.
La vĂ©ritĂ© nâa besoin dâaucun jugement, dâaucun consensus. Il nâexiste pas de vĂ©ritĂ© partielle; soit il y a vĂ©ritĂ©, soit il nây a pas.
La vĂ©ritĂ© polarise si on la rejette, mais elle se rĂ©concilie si on lâaccepte.
La vĂ©ritĂ© devient source de mal lorsque relativisĂ©e, mais elle devient  force transformatrice lorsque lâon se rĂ©concilie avec elle.
La vĂ©ritĂ© engendre la haine si on la renie, mais elle favorise la confiance mutuelle si on lâembrasse.
LâĂȘtre humain est au service de la vĂ©ritĂ©. Le contraire dĂ©truit le fondement de la sociĂ©tĂ©.
JusquâĂ quand peut-on ignorer la vĂ©ritĂ©? Attention! La vĂ©ritĂ© nous suit chaque jour, en tout temps et en tout lieu.
JusquâĂ quand les intĂ©rĂȘts peuvent-ils donner licence au dĂ©ni de la vĂ©ritĂ©? Attention! Les intĂ©rĂȘts sont provisoires; la vĂ©ritĂ© est Ă©ternelle.
JusquâĂ quand peut-on lĂ©gitimer le dĂ©ni au profit de considĂ©rations gĂ©opolitiques? Attention! La vĂ©ritĂ© va Ă©clater au milieu du jour.
JusquâĂ Â quand peut-on entrainer la vĂ©ritĂ© dans les annales du passĂ©?   Attention! Aucune politique de dĂ©ni et du refus ne sâimpose Ă©ternellement.
JusquâĂ quand peut-on violer la vĂ©ritĂ© et rester immune dâimpunitĂ©?  Attention! La vĂ©ritĂ© nâaccepte aucun compromis. Devant la vĂ©ritĂ©, toutes  tentatives humaines demeurent impuissantes.
JusquâĂ Â quand  peut-on  couvrir  la  vĂ©ritĂ©  dans  lâobscuritĂ©? Attention!  La  vĂ©ritĂ©  se lĂšvera, tĂŽt ou tard, comme le soleil au milieu des tĂ©nĂšbres.
JusquâĂ quand la vĂ©ritĂ© peut demeurer lâotage dâ”agendas”  personnels ou politiques? Attention! La libĂ©ration de la vĂ©ritĂ© ne tardera pas.
Enfin, jusquâĂ quand peut-on rester silencieux devant la vĂ©ritĂ©? Si nous nâen parlons pas, la vĂ©ritĂ© parlera. En effet, la vĂ©ritĂ© parle toujours et crie… si nous avons des oreilles pour Ă©couter.
PĂ©renniser le refus et lĂ©gitimer lâimpunitĂ© gĂ©nĂšre haine et violence.  LâhumanitĂ© est menacĂ©e de faillite et de polarisation lorsque la vĂ©ritĂ© est bafouĂ©e. La dĂ©fense de la vĂ©ritĂ© est donc une vocation commune.
Le 24 avril, le souvenir du gĂ©nocide armĂ©nien, apporte pour le peuple armĂ©nien lâimpĂ©ratif crucial de la vĂ©ritĂ©.
Lâhistoire est claire. NĂ©gocier la vĂ©ritĂ©, câest compromettre la vĂ©ritĂ©. Nier la vĂ©ritĂ©, câest diffamer lâhistoire. Plusieurs Ătats ont dĂ©jĂ reconnu le gĂ©nocide armĂ©nien. Pourquoi la Turquie a-t-elle peur de se rĂ©concilier avec son passĂ©? On ne peut pas construire le futur sur le dĂ©ni et le nĂ©gationnisme. Lâhistoire nâest pas Ă©crite par le mensonge, ni lâabnĂ©gation mais par la vĂ©ritĂ©.
Les jeunes gĂ©nĂ©rations armĂ©niennes sont porteuses dâune grave injustice. Elles ne peuvent rester indiffĂ©rentes face Ă une situation oĂč la vĂ©ritĂ© est estropiĂ©e et la justice crucifiĂ©e. La vie armĂ©nienne est une lutte existentielle et constante pour la victoire de la vĂ©ritĂ©.
Si nous voulons un monde oĂč rĂšgnent la justice et la paix, câest la vĂ©ritĂ©, et non les intĂ©rĂȘts, qui doit guider les relations entre les nations. La reconnaissance de la vĂ©ritĂ© ouvre la voie Ă la rĂ©conciliation avec soi-mĂȘme et Ă une vraie rĂ©conciliation entre les nations.
Pour le peuple armĂ©nien, le 24 avril nâest plus simplement un jour de commĂ©moration mais plutĂŽt un symbole et un rappel quâaucune force, en ce monde, ne peut assassiner la vĂ©ritĂ©. Et dans ce sens, le 24 avril est porteur dâun message et dâun dĂ©fi Ă toutes celles et ceux qui luttent pour la victoire de la vĂ©ritĂ©.
La vérité pour tous et tous pour la vérité!
Antélias, le 23 avril 2009