April 24, 2009

Article by His Holiness Aram I published in the 24 April 2009 issue of L’Orient le Jour

LA VÉRITÉ EFFRAIE MAIS RECONCILIE

 

S.S. Catholicos Aram I

 

La vérité est une valeur sacrée. Cette affirmation constitue le  dénominateur commun de multiples conceptions, définitions et formulations de la vérité.

 

La vérité est le fondement de la société et gouverne toutes les structures et dimensions, manifestations et relations de la vie humaine.

 

La vĂ©ritĂ© est une force, qui assure l’intĂ©gritĂ© et l’identitĂ© d’une sociĂ©tĂ© et qui offre une vision et une orientation Ă  nos pensĂ©es et Ă  nos actions, individuelles ou collectives.

 

La vérité est source de dignité, de moralité et de crédibilité.

 

Rejeter la vĂ©ritĂ© signifie donc, rejeter les valeurs et les principes qui constituent l’essence mĂȘme d’une humanitĂ© authentique, conditio sinĂ© qua non d’une sociĂ©tĂ© saine et crĂ©dible.

 

On peut ignorer la vĂ©ritĂ©, mais on ne peut pas la cacher. On peut Ă©viter la vĂ©ritĂ©, mais on ne peut pas l’éliminer. On peut Ă©clipser la vĂ©ritĂ©, mais on ne peut pas l’éteindre.

 

On peut marginaliser la vérité, mais on ne peut pas la déraciner.

 

Aucune force, en ce monde, ne peut vaincre la vĂ©ritĂ©. L’histoire tĂ©moigne avec Ă©loquence, de cette rĂ©alitĂ© incontestable. Il faut donc accepter et respecter la vĂ©ritĂ©.

 

En mĂȘme temps, la vĂ©ritĂ© Ă©loigne et rapproche; divise et unit; effraie et renforce la confiance.

 

La vĂ©ritĂ© n’est pas une rĂ©alitĂ© ambigĂŒe, ce dilemme relĂšve de la façon dont nous la traitons.

 

La vĂ©ritĂ© n’a besoin ni d’interprĂ©tation, ni de nĂ©gociation. Ces derniĂšres l’altĂšrent et la dĂ©forment.

 

La vĂ©ritĂ© n’a besoin d’aucun jugement, d’aucun consensus. Il n’existe pas de vĂ©ritĂ© partielle; soit il y a vĂ©ritĂ©, soit il n’y a pas.

 

La vĂ©ritĂ© polarise si on la rejette, mais elle se rĂ©concilie si on l’accepte.

 

La vĂ©ritĂ© devient source de mal lorsque relativisĂ©e, mais elle devient   force transformatrice lorsque l’on se rĂ©concilie avec elle.

 

La vĂ©ritĂ© engendre la haine si on la renie, mais elle favorise la confiance mutuelle si on l’embrasse.

 

L’ĂȘtre humain est au service de la vĂ©ritĂ©. Le contraire dĂ©truit le fondement de la sociĂ©tĂ©.

 

Jusqu’à quand peut-on ignorer la vĂ©ritĂ©? Attention! La vĂ©ritĂ© nous suit chaque jour, en tout temps et en tout lieu.

 

Jusqu’à quand les intĂ©rĂȘts peuvent-ils donner licence au dĂ©ni de la vĂ©ritĂ©? Attention! Les intĂ©rĂȘts sont provisoires; la vĂ©ritĂ© est Ă©ternelle.

 

Jusqu’à quand peut-on lĂ©gitimer le dĂ©ni au profit de considĂ©rations gĂ©opolitiques? Attention! La vĂ©ritĂ© va Ă©clater au milieu du jour.

 

Jusqu’à  quand  peut-on  entrainer  la  vĂ©ritĂ© dans  les  annales  du  passĂ©?    Attention! Aucune politique de dĂ©ni et du refus ne s’impose Ă©ternellement.

 

Jusqu’à quand peut-on violer la vĂ©ritĂ© et rester immune d’impunitĂ©?  Attention! La vĂ©ritĂ© n’accepte aucun compromis. Devant la vĂ©ritĂ©, toutes  tentatives humaines demeurent impuissantes.

 

Jusqu’à  quand  peut-on  couvrir  la  vĂ©ritĂ©  dans  l’obscuritĂ©? Attention!  La  vĂ©ritĂ©  se lĂšvera, tĂŽt ou tard, comme le soleil au milieu des tĂ©nĂšbres.

 

Jusqu’à quand la vĂ©ritĂ© peut demeurer l’otage d’”agendas”  personnels ou politiques? Attention! La libĂ©ration de la vĂ©ritĂ© ne tardera pas.

 

Enfin, jusqu’à quand peut-on rester silencieux devant la vĂ©ritĂ©? Si nous n’en parlons pas, la vĂ©ritĂ© parlera. En effet, la vĂ©ritĂ© parle toujours et crie… si nous avons des oreilles pour Ă©couter.

 

PĂ©renniser le refus et lĂ©gitimer l’impunitĂ© gĂ©nĂšre haine et violence.  L’humanitĂ© est menacĂ©e de faillite et de polarisation lorsque la vĂ©ritĂ© est bafouĂ©e. La dĂ©fense de la vĂ©ritĂ© est donc une vocation commune.

Le 24 avril, le souvenir du gĂ©nocide armĂ©nien, apporte pour le peuple armĂ©nien l’impĂ©ratif crucial de la vĂ©ritĂ©.

 

L’histoire est claire. NĂ©gocier la vĂ©ritĂ©, c’est compromettre la vĂ©ritĂ©. Nier la vĂ©ritĂ©, c’est diffamer l’histoire. Plusieurs États ont dĂ©jĂ  reconnu le gĂ©nocide armĂ©nien. Pourquoi la Turquie a-t-elle peur de se rĂ©concilier avec son passĂ©? On ne peut pas construire le futur sur le dĂ©ni et le nĂ©gationnisme. L’histoire n’est pas Ă©crite par le mensonge, ni l’abnĂ©gation mais par la vĂ©ritĂ©.

 

Les jeunes gĂ©nĂ©rations armĂ©niennes sont porteuses d’une grave injustice. Elles ne peuvent rester indiffĂ©rentes face Ă  une situation oĂč la vĂ©ritĂ© est estropiĂ©e et la justice crucifiĂ©e. La vie armĂ©nienne est une lutte existentielle et constante pour la victoire de la vĂ©ritĂ©.

 

Si nous voulons un monde oĂč rĂšgnent la justice et la paix, c’est la vĂ©ritĂ©, et non les intĂ©rĂȘts, qui doit guider les relations entre les nations. La reconnaissance de la vĂ©ritĂ© ouvre la voie Ă  la rĂ©conciliation avec soi-mĂȘme et Ă  une vraie  rĂ©conciliation entre les nations.

 

Pour le peuple armĂ©nien, le 24 avril n’est plus simplement un jour de commĂ©moration mais plutĂŽt un symbole et un rappel qu’aucune force, en ce monde, ne peut assassiner la vĂ©ritĂ©. Et dans ce sens, le 24 avril est porteur d’un message et d’un dĂ©fi Ă  toutes celles et ceux qui luttent pour la victoire de la vĂ©ritĂ©.

 

La vérité pour tous et tous pour la vérité!

 

Antélias, le 23 avril 2009

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